Campagne
Sans agents sur le terrain,
le service public s’éteint
Les agents Enedis sont les premiers garants de la continuité et de la sécurité de la distribution électrique. Pourtant, ils sont aujourd’hui les premières victimes de la politique menée par leur entreprise.
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L’électricité n’est pas un luxe, c’est un droit.

Condition d’une vie digne, de l’accès à l’éducation, à la santé, au numérique, au travail ou au logement, l’électricité est un bien commun. Ce droit fondamental a longtemps été garanti par un service public intégré, solidaire, structuré autour de la continuité de l’alimentation, de la qualité du réseau et de l’égalité d’accès sur tout le territoire.
Aujourd’hui, ce modèle vacille.
Les agents d’Enedis, fiers de leur mission et de leur savoir-faire, incarnent depuis des générations ce service public du quotidien. Ils en sont la mémoire vivante, l’expertise collective, la présence humaine au plus près des territoires. Mais ils sont de plus en plus empêchés dans leur travail. Leur engagement se heurte à une gestion de court terme, soumise aux injonctions financières d’une maison mère et d’un actionnaire unique : l’État. Au nom de la rentabilité, on ferme des centres techniques, on dégrade les conditions de travail, on recourt massivement à la sous-traitance, on sacrifie la cohérence du maillage territorial.
Le réseau se fragmente, les moyens humains s’érodent, et le sens du métier se perd.
La transition énergétique impose d’électrifier massivement les usages, tout en garantissant la résilience du service. Cela suppose une capacité de planification, des investissements massifs, et surtout une entreprise publique dotée d’un cadre intégré, capable de mobiliser ses agents dans la durée. Car aucun compteur connecté, aussi intelligent soit-il, ne remplacera jamais l’expertise d’un agent de terrain, la réactivité d’une équipe formée, le lien de confiance avec les usagers.
Il est urgent de sortir d’un modèle libéralisé qui oppose technologie et présence humaine, performance économique et continuité de service. L’énergie doit redevenir un droit, et non une marchandise. Cela passe par la reconstruction d’un service public intégré, lisible, piloté dans l’intérêt général.
Revaloriser les missions des agents, investir dans les réseaux, redonner du sens à l’action publique : voilà les conditions d’un avenir énergétique juste, durable et partagé.
Salim Khamallah, Secrétaire du CSEC Enedis
Dégradation des conditions de travail

Les agents Enedis sont les premiers garants de la continuité et de la sécurité de la distribution électrique. Pourtant, ils sont aujourd’hui les premières victimes de la politique menée par leur entreprise. Niveaux d’embauches insuffisants, surcharge de travail, accidents de travail trop nombreux, détérioration des conditions d’exercice : tout concourt à déshumaniser leur travail, à dégrader leur santé et à aggraver une charge mentale déjà insupportable. Ce n’est pas seulement le bien-être des agents qui est en cause, mais la qualité même du service rendu aux citoyens. Sans agents formés, protégés et reconnus, il n’y a plus de service public fiable.
Défendre les agents, c’est défendre l’électricité de demain.
Nos propositions :
- Recrutements massifs d’agents statutaires, pour garantir des équipes stables, formées et présentes sur tout le territoire.
- Réduction du recours à la sous-traitance, afin de renforcer le lien entre agents et usagers et réinternaliser les savoir-faire.
La fausse promesse de la modernisation numérique
À grand renfort de communication, Enedis présente la modernisation numérique comme une révolution bénéfique. Compteurs connectés, capteurs intelligents, pilotage à distance : tout semble annoncer un futur plus efficace et plus vert. Pourtant, derrière cette vitrine technologique, se cache une réalité tout autre. La numérisation massive sert surtout à masquer la réduction des effectifs d’intervention et l’abandon progressif des territoires.

Un compteur Linky peut détecter une panne, mais il ne remplacera jamais la présence humaine et la proximité nécessaires pour réparer, sécuriser et rassurer. Le progrès n’a de sens que s’il sert l’intérêt collectif. Un service public de qualité ne peut se construire contre ses agents et au détriment de l’égalité territoriale.
Suppression de 611 emplois prévue entre 2024 et 2027.
24 % des dépannages reportés en 2023
Nos propositions :
- Associer numérisation et renforcement des effectifs dans une logique de complémentarité : chaque innovation technologique, qui permet de mieux détecter les problèmes, doit s’accompagner de moyens humains pour les résoudre.
Sans agents pour intervenir, la numérisation reste inefficace. C’est cette articulation qui garantit, sur tous les territoires, la continuité et la qualité du service. - Maintenir la présence humaine de proximité, avec des équipes d’intervention réparties équitablement, y compris en zones rurales et périurbaines.
Transition énergétique : un service public affaibli, des usagers sous pression

La transition énergétique impose une électrification massive des usages — transports, chauffage, industrie — et une forte hausse de la consommation d’électricité. Pour y répondre, Enedis prévoit 96 milliards d’euros d’investissements d’ici 2040. Mais dans un système déjà fragilisé, ce chantier essentiel risque de reposer sur des bases instables.
Le financement repose principalement sur le TURPE, payé par les usagers. La Cour des comptes prévoit une hausse de 21 % d’ici 2030, qui pèsera directement sur les factures. Les syndicats dénoncent une situation où les usagers financent les efforts, pendant que les actionnaires perçoivent des dividendes records
: en 2023, plus d’un milliard d’euros ont été prélevés sur Enedis, devenue la « vache à lait » d’EDF, au détriment du réseau, des agents et des territoires.
Sur le terrain, les conséquences se font sentir :
- La maintenance préventive est délaissée au profit d’interventions d’urgence,
- Les fermetures de sites techniques se multiplient,
- Les équipes sont en sous-effectif, fragmentées, soumises à une pression grandissante,
- Le recours à la sous-traitance s’intensifie, au détriment de la maîtrise d’ouvrage publique,
- Les investissements stagnent ou sont reportés.
Ce déséquilibre s’observe à tous les niveaux. RTE, chargé du réseau de transport, alerte sur la nécessité d’investir 100 milliards d’euros d’ici 2040 pour suivre la demande. De leur côté, les collectivités concédantes, propriétaires des réseaux, dénoncent leur marginalisation, un manque de transparence sur les investissements et un sous-financement chronique. Cet écart entre les annonces politiques et les moyens effectivement mobilisés crée un climat de défiance généralisé.
Le problème est structurel : l’organisation actuelle, héritée de la libéralisation du secteur, reste marquée par la fragmentation des missions, l’endettement croissant d’EDF, l’absurdité de l’ARENH, qui oblige l’opérateur à vendre une partie de sa production à bas prix à des concurrents qui n’investissent pas. Le TURPE devient un outil opaque pour colmater les failles d’un système en bout de course, sans réelle gouvernance publique.
Cette logique à court terme va à rebours des exigences de la transition énergétique, qui nécessite au contraire un pilotage de long terme, des infrastructures robustes et une capacité d’intervention partout sur le territoire.
Il est temps de refonder un service public de l’électricité unifié, planifié, au service de l’intérêt général
Cela passe par :
- La création d’un EPIC de l’électricité
- Un réinvestissement massif, l’embauche d’agents au statut
- La remise à niveau des infrastructures
- Une réorientation du TURPE vers les besoins réels du réseau – et non vers la rentabilité financière.

L’électricité ne peut être réduite à une simple marchandise : elle est un bien commun essentiel à la vie. Les citoyens ne doivent pas payer le prix des dérives d’un marché dérégulé. Il appartient à l’État d’assurer, dès aujourd’hui et pour les générations futures, un accès équitable, sûr et durable à l’énergie.
+ 66% c’est l’augmentation prévue de la consommation d’électricité d’ici à 2050. Cette hausse impose une stratégie d’investisse- ment robuste et cohérente, pas une gestion fragmentée, financiarisée et déconnectée du terrain.
L’explosion des inégalités territoriales

La promesse républicaine d’un accès égal à l’électricité sur tout le territoire est aujourd’hui brisée. Tandis que les grandes villes bénéficient encore de moyens humains suffisants, les territoires ruraux et les petites communes voient leur accès à un dépannage rapide s’effondrer. La fermeture de nombreux sites techniques de proximité prive les habitants des campagnes de leur droit fondamental à un service rapide et sûr. Cette fracture énergétique accentue les inégalités sociales et territoriales, fragilise la vie locale, et met en péril l’attractivité économique des territoires oubliés. Rétablir un maillage territorial fort est une urgence démocratique :
L’électricité doit être accessible à toutes et tous, où que l’on vive.
Un modèle à bout de souffle
Depuis vingt ans, la libéralisation du secteur énergétique et le démantèlement progressif d’EDF ont profondément désorganisé le service public. Présentée comme une modernisation, l’ouverture à la concurrence devait, disait-on,faire baisser les prix, améliorer la qualité du service et stimuler l’innovation.
Le résultat est tout autre : les prix ont bondi de +58 % en cinq ans (2019- 2024), le tarif réglementé a été fragilisé au profit d’offres de marché souvent opaques et volatiles, et l’État a dû mobiliser 72 milliards d’euros entre 2022 et 2024 (source : Banque de France) en boucliers tarifaires pour en limiter les effets sur ménages, entreprises et collectivités.
Dans ce système, EDF est contrainte de brader sa production nucléaire historique à des opérateurs privés via l’Arenh, tandis qu’Enedis, gestionnaire de la distribution, est pilotée selon des logiques de rentabilité à court-terme, incompatibles avec sa mission de service public et les besoins des territoires.
À force de fragmenter l’entreprise publique, de découpler les métiers et d’imposer des logiques de séparation artificielle entre production, transport, distribution et commercialisation, les décideurs ont affaibli la capacité d’intervention du service public. Le morcellement du système empêche toute stratégie industrielle de long terme, rend le réseau plus vulnérable et désoriente les usagers comme les agents.
+ 58% d’augmentation des prix en cinq ans : un marché hors de contrôle
72 milliards d’euros d’argent public, boucliers tarifaires, pour corriger les dysfonctionnements du marché
Nos solutions

Il est temps de sortir de cette impasse. Il est donc indispensable de :
- Réunifier les activités électriques et gazières au sein d’un service commun de distribution, remailler l’ensemble du territoire avec des sites techniques et des agences d’accueil de proximité
- Maintenir et renforcer les effectifs d’agents statutaires, limiter la sous-traitance
- Réorienter les investissements vers les besoins réels du réseau et non vers la rentabilité financière.
- Reconstruire un service public de l’énergie intégré et cohérent, de la production à la distribution, capable d’assurer une politique énergétique au service de l’intérêt général.
- Rétablir un tarif réglementé unique, fondé sur les coûts réels et la péréquation tarifaire, applicable à tous les usagers. Cette réforme garantirait un accès équitable à l’électricité, renforcerait la compétitivité et soutiendrait les services publics locaux
Face à l’explosion des prix, à l’urgence climatique et à la fragilisation des infrastructures, il est indispensable de retrouver une maîtrise publique du système énergétique. Cela suppose un pilotage global – de la centrale au compteur– guidé par l’intérêt général, et non les logiques de marché.
EDF, en tant qu’opérateur intégré, doit devenir l’outil principal de la transition énergétique. Les réseaux, gérés par Enedis sur 95 % du territoire, sont au cœur de cette transformation : ils doivent être renforcés, modernisés, et les moyens humains doivent être à la hauteur des enjeux. En effet, un service public de proximité avec l’usager ne peut garantir la qualité de la distribution et de l’accompagnement sans un personnel suffisant, qualifié et bien formé. La présence sur le terrain, la réactivité face aux aléas climatiques ou techniques nécessitent des effectifs dimensionnés à ces missions. C’est à cette condition qu’Enedis pourra jouer pleinement son rôle dans la réussite de la
transition énergétique au service de tous les territoires.
Notre campagne porte une exigence claire : reconstruire un grand service public national de l’énergie, démocratique, efficace et durable, pour garantir à toutes et tous un accès équitable à une électricité décarbonée et un service public de qualité.