Projet Hercule : les douze travaux du gouvernement pour démanteler EDF

Tribune parue le 10/02/2021

Actuellement en négociation avec la Commission européenne, le projet « Hercule » du gouvernement français est l’acte final d’un long démantèlement du service public de l’énergie en faveur du secteur privé. Hache à la main, Hercule s’apprête à découper Électricité De France au détriment de ce que l’entreprise apporte au pays depuis 75 ans.

Nous, citoyen.ne.s, chercheurs.euses, salarié.e.s d’EDF, syndicalistes, représentant.e.s du personnel et élu.e.s de la République appelons le Président de la République à renoncer au projet Hercule et le Parlement à dresser le bilan de 20 ans de libéralisation afin de reprendre la maîtrise publique du secteur de l’énergie.

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Un démantèlement assorti d’un processus de privatisation

Hercule viserait à scinder en plusieurs sociétés une entreprise déjà bien désarçonnée depuis la fin des années 1990. D’un côté, EDF Bleu prendrait en charge l’exploitation des centrales nucléaires et resterait publique. De l’autre, la production d’énergies renouvelables, les activités outre-mer et la très rentable distribution de l’électricité seraient réunies au sein d’EDF Vert, avec un capital ouvert à 30%. Les concessions hydroélectriques, réunies sous la bannière d’EDF Azur, seraient gérées indépendamment. In fine, les trois filières de production d’électricité, nucléaire, hydraulique et renouvelable (éolien et solaire) seraient en concurrence les unes avec les autres.

Alors que les secteurs demandant des investissements lourds resteraient publics, les secteurs dégageant des dividendes seraient ouverts aux actionnaires. Socialiser les dettes, privatiser les profits, un grand classique des logiques de privatisation. L’État assumerait les financements onéreux, les investisseurs privés en tireraient les bénéfices. L’intérêt général ne peut être inféodé à ce point à l’intérêt particulier.

Séparer la production de la vente, une première depuis 1946

L’éclatement d’EDF marquerait la fin de la complémentarité entre les moyens de production, pourtant indispensable au bon fonctionnement du service. Il supposerait une rupture définitive de la synergie entre la production, la distribution et la vente de l’électricité, une première depuis 1946 et la nationalisation d’EDF-GDF, née du programme du Conseil National de la Résistance. Défendue par le Général de Gaulle et Marcel Paul, ministre de la production industrielle de l’époque, cette cohérence technique, qui a permis au pays de se reconstruire et de prospérer, a été savamment détricotée au fil des décennies par l’Union européenne et les différents gouvernements successifs.

Cette manœuvre menée conjointement se poursuit. Depuis 2011 , l’Arenh (l’accès régulé à l’énergie nucléaire historique) oblige EDF à vendre un quart de sa production nucléaire à ses concurrents à un prix fixe mais défavorable à EDF car jamais réévalué : 42 euros le mégawattheure. Objectif pour Bercy : augmenter de 20% ce prix de vente pour qu’il reflète au mieux les coûts de production. Problème : la Commission européenne exige en contrepartie la séparation des activités de production et de vente, c’est-à-dire le démantèlement. En d’autres termes, il s’agirait de sacrifier le modèle de l’industrie électrique française qui a fait ses preuves au fil des décennies et par là même notre souveraineté énergétique pour satisfaire les desiderata de Bruxelles.

Quid de la promesse de la baisse du prix de l’électricité ?

Le défi herculéen posé à EDF est aussi nocif pour les consommateurs. Nos dirigeants n’ont cessé de nous répéter que la concurrence permettrait une baisse du coût de l’électricité. Il n’en est rien. Depuis 2007, les prix à la consommation d’électricité ont augmenté de 50% . En séparant les moyens de production, Hercule va inexorablement venir saler la facture des usagers dans un pays qui compte 7 millions de personnes touchées par la précarité énergétique.

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Signataires

Hervé MACHENAUD

Ex-Directeur de la production et de l’ingéniérie à EDF 

Delphine BATHO

Députée des Deux-Sèvres, ancienne ministre de l’écologie, de l’énergie et du développement durable

Philippe MARTINEZ

Secrétaire Général de la CGT

Clémentine AUTAIN

Députée de Seine-Saint-Denis

Jean-Luc MÉLENCHON

Député des Bouches-du-Rhône

Eliane ASSASSI

Sénatrice de Seine-Saint-Denis

Arnaud MONTEBOURG

Homme politique français

Laurent BERGER

Secrétaire Général de la CFDT

Cécile CUKIERMAN

Sénatrice de la Loire

François HOMMERIL

Président de la confédération CFE-CGC

Yves VEYRIER

Secrétaire général de la confédération FO

Jean AUROUX

Ancien ministre de l’énergie

Sébastien MENESPLIER

Secrétaire général de la Fédération Nationale des Mines et de l’Energie CGT

Guillaume GONTARD

Sénateur de l’Isère

Danièle OBONO

Députée de Paris

Jacques MASSON

Ex-Directeur délégué à la Production Hydraulique

Fabien ROUSSEL

Secrétaire national du PCF / Député du Nord

Jean-Pierre SOTURA

Ex-Commissaire de la Commission de Régulation de l’Energie

Hélène LOPEZ

Secrétaire générale de la fédération CFE-CGC Energies

Sébastien JUMEL

Député de Seine Maritime

Eric PIOLLE

Maire de Grenoble

Alexis CORBIÈRE

Député de Seine-Saint-Denis

Jacques SAPIR

Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales

Michel VAKALOULIS

Docteur en philosophie, sociologue, Université Paris 8 / CRESPPA – CNRS

Adrien QUATENNENS

Député du Nord

Céline ANTONIN

Chercheuse en économie

Dominique BOUSQUENAUD

Secrétaire général FCE-CFDT

Vincent HERNANDEZ

Secrétaire général de la fédération FO FNEM

Marie-Claire CAILLETAUD

Responsable confédérale pour l’industrie de la CGT

Jean-François BOLZINGER

Ingénieur

Philippe Page Le Merour

Secrétaire du Comité social et économique central (CSEC) d’EDF

Fabien GAY

Sénateur de Seine-Saint-Denis

Louis WEBER

Editeur

Philippe HERZOG

Ancien député européen et conseiller auprès de la Commission européenne

Daniel BACHET

Professeur émérite de sociologie, Université d’Evry-Paris-Saclay

Etienne BALIBAR

Universitaire

Christophe BAUMGARTEN

Avocat

Sylvain DELAITRE

Ingénieur de recherche, Thales

Frédéric LEBARON

Professeur de sociologie, ENS Paris-Saclay, Savoir/Agir

Olivier BESANCENOT

Ancien candidat à la présidentielle

Loïc PRUD'HOMME

Député de la Gironde

Michel LARIVE

Député de l’Ariège

Hubert WULFRANC

Député de Seine Maritime

Jan Willem GOUDRIAAN

Fédération européenne des services publics – EPSU

Luc TRIANGLE

Secrétaire Général IndustriAll European Trade Union

André CHASSAIGNE

Député du Puy-de-Dôme

Régis JUANICO

Député de la Loire

Christophe FERRARI

Président de Grenoble-Alpes Métropole

Jean-Paul LECOQ

Député de Seine-Maritime

Dominique POTIER

Député de Meurthe et Moselle